Décalcomanies et crise agricole
Enfant, je n’ai jamais manqué de rien. Mes parents possédaient un petit pavillon, une 2cv, une télé noir et blanc et un poste de radio jaune. Nous mangions à notre faim, étions correctement vêtus et avions des jouets à Noël. Je ne suis allé qu’une seule fois en vacances avant l’âge de 12 ans, mais nous vivions à la campagne et mon frère et moi-même avons reçu ce qu’il y a de plus précieux au monde : le temps, l’espace et la liberté. Nous avions très peu de contraintes (contrairement aux enfants des familles aisées) et nous pouvions vagabonder dans les friches, les forêts, les combes, les grottes, les appentis, les caves, et les greniers des maisons de nos camarades ; nous pouvions construire des cabanes, des engins improbables (comme par exemple des pièges à souris, des véhicules sans freins, des machines à faire mûrir les fraises), faire des potions et des rogommes (on prononce rogâumes), créer des jardins extraordinaires, des sociétés secrètes, des laboratoires de re...