Rentrée des classes



Quand j’étais gamin, je n’aimais pas la rentrée des classes car elle représentait une transition entre la liberté des grandes vacances et l’univers normé et austère de l’école. D’ailleurs, le moment de l’année où j’étais le plus euphorique n’était pas noël, mais le retour à la maison à l’issue du  dernier jour de l’année scolaire. J’ignorais, évidemment, que je deviendrais un jour enseignant. Et maintenant que je suis enseignant, je n’aime toujours pas les classes. Je rêve d’un mode d’enseignement asynchrone où chaque apprenant pourrait progresser à son propre rythme, guidé par les enseignants et stimulé par des travaux en petits groupes rassemblant des participants ayant les prérequis pour tirer le meilleur parti des activités proposées. On en est loin, et cela n’a rien d’anodin car beaucoup de gens ne développent pas tout leur potentiel à l’école, au collège, au lycée, et même – je suis bien placé pour le savoir – à l’université.

Aujourd’hui, j’apprécie toujours la pause estivale, même si je préfèrerais qu’elle ait lieu à l’automne. Je parle de pause et non de vacances car il est rare que je me déconnecte compétemment de mon travail. Au cours de la dernière année universitaire, j’ai fourni un peu plus de 2000 heures de travail, dont 1200 heures consacrées à l’enseignement, dont environ 240 heures passées en salle de classe (ou amphithéâtres) avec des étudiants. 

À l’université, l’essentiel du travail d’enseignement est constitué de préparations de cours, de réalisation de ressources pédagogiques, de conception de sujets de contrôles continus et d’examens, et de corrections. Cette année, ma pause estivale s’est étendue entre le 11 juillet et le 31 aout. Mais pendant cette période sans mettre les pieds au bureau, j’ai quand même travaillé 187 heures, en grande partie consacrées à un projet de recherche (programmation, réflexion, rédaction de documents de travail). Tout cela pour dire que la notion de vacances est un peu floue dans ma profession. Même lors de ma semaine en Bretagne, je n’ai pas pu m’empêcher de passer quelques heures à lire des extraits d’une thèse qui avait attiré mon attention.

On ne peut, à mon avis, comparer les temps de travail et les rémunérations de personnes exerçant des professions différentes que sur une base annuelle. En une année, je travaille environ 2000 heures. En divisant mes revenus annuels par cette valeur, j’obtiens un salaire de 20 Euros net par heure de travail effectivement réalisée. Sur ces 20 Euros, trois seront reversés à l’état au titre de l’impôt sur le revenu. À vous de juger si c’est scandaleusement élevé ou pas :-).




 

Commentaires

  1. Ah... rentrée nostalgique...
    J'ai encore quelques plumes et porte-plumes... un bureau d'écolier auquel manque l'encrier de porcelaine malheureusement.
    Je n'ai pas ce cahier "Charlemagne"... :-)) Clin d'oeil amusant...
    J'aime beaucoup l'atmosphère appliquée de tes compositions.
    Je suis moi-même prof des écoles et mon mari prof en université et je partage ton avis sur le temps estival...
    Il n'y a pas de rupture. Jamais. L'enseignement est sans fin... Il y a toujours un projet à mener, des idées en tête qui germent et qu'on met déjà en place pendant les vacances, des heures supplémentaires, beaucoup d'heures prises sur nos "vacances"... mais personne n'en a conscience. Il faut le vivre de l'intérieur... Oui, l'on donne beaucoup... de son temps, de son énergie, de sa vie, voire de sa santé...
    Et la "reconnaissance" et le "respect du prof" ne sont plus de ce monde...
    Mais j'aime ce métier même s'il est vrai qu'il faut le faire évoluer...
    Bon week-end !!!!

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    1. Je ne pourrais pas enseigner en primaire ou secondaire avec des classes de plus de 10 élèves. Déjà avec des adultes, on ne fait rien de bien pédagogique au delà de 15 étudiants par séance, alors avec des enfants ou des ados, quand j'entends parler de classe de 30 élèves, je suis consterné.

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    2. Je pense que tu es un enseignant passionné et hyper consciencieux.
      Malheureusement , ça ne se quantifie pas sur la fiche de paye.

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  2. Je n'aimais pas non plus la rentrée - à part l'odeur des cahiers neufs et celle amère de l'encre! Mais jamais je n'aurais voulu exercer ton job! On est loin des parachutes dorés...

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    1. Mes étudiants sont plutôt sympas et généralement respectueux envers leurs enseignants, beaucoup s'intéressent vraiment au contenus des enseignements qu'ils reçoivent, et je partage mon temps entre enseignement et recherche. Mon travail est donc gratifiant et intéressant. Je suis en permanence dans une démarche d'innovation, y compris dans le domaine pédagogique. C'est la charge de travail et le nombre d'étudiants à gérer en même temps qui posent parfois problème, mais dans l'ensemble je ne regrette pas mes choix professionnels :-).

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  3. j'étais une rêveuse et l'école je l'aimais pour être avec des compagnes (pas de mixité à l'époque) rêveuse et cancre ...je me souviens mieux de la cour de récréation que des salles de classes !

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    1. J'étais aussi rêveur, mais plus en cours de récréation :-).

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  4. je suis dans la fonction publique où mon avantage est bien les vacances et je fais souvent le break...j'adore ces éléments avec ces livres...

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    1. Oui, le temps libre est précieux car la vie passe vite et il faut profiter de l'instant présent.

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  5. J'ai la chance d'avoir une enfant studieuse qui languit la rentrée 15 jours avant, qui est heureuse de retourner à l'école et qui prend plaisir à y être.
    On verra avec no2 si c'est pareil.
    Pourquoi n'ouvre tu pas une école privée aux méthodes alternatives, nombreux sont les parents qui se tournent vers ces établissements lorsque leurs enfants n'arrivent pas à entrer dans le moule éducation nationale.

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    1. Une école alternative, l'idée m'a traversé l'esprit. Mais je ne suis pas qualifié en matière d'enseignement primaire, et la base pour une bonne pédagogie est de travailler en petit groupes, ce qui coute cher. Et surtout, je ne suis guère enclin à quitter un emploi qui m'offre une certaine sécurité pour partir à l'aventure au risque de me retrouver plus tard sans rien...

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    2. Tu peu embaucher de bons enseignants formés et avoir une fonction de coordination et de direction, tu n'imaginez pas ce que les gens sont prêts à donner pour de l'enseignement privé.

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  6. Quant aux 3€ d'impôts pour 20€ perçus ça me semble honnête. Enfin je ne sais pas il faudrait que je regarde ce que je payais quand je n'avais pas de frais de garde d'enfant à déclarer.

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    1. Cela fait 6000 Euros d’impôts sur les 40000 que je gagne annuellement. Ce qui me gêne, c'est de voir passer cette somme sur mon compte bancaire pour la reverser l'année suivante à l'état. J'aimerai autant toucher 34000 Euros, c'est à dire mon "vrai" revenu.

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    2. D'où l’intérêt de l'impôt prélevé à la source.
      Qu'est ce qu'ils attendent pour le faire? Il y aurait moins de niches fiscales. Çà doit déranger.

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    3. Quand on touche un plus maigre salaire comme moi le prélèvement à la source donne le sentiment d'été plus pauvre encore!

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  7. Ardoise à craies de nouveau d'actualité à l'école! Billes toujours d'actualité. Stylo plume non recommandé cette année. Mais utilisé les deux années précédentes.
    Quant au bureau d'écolier, Gabrielle en a un qui sert à tout sauf à son usage premier!

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    1. A part le livre sur les sciences physiques qui date de l'époque de ma grand-mère, les objets représentés étaient tous susceptibles d'être utilisés dans les années 1960, même si certains étaient en fin de vie. J'ai porté la blouse à l'école jusqu'en CM2. Pas la cravate, mais elle devait être d'actualité (et l'est toujours) dans certains établissements privés. J'ai appris à écrire avec un porte plume, utilisé une ardoise de manière anecdotique. Il n'y avait plus de bureau d'écolier dans nos salles de classe, mais ils étaient encore utilisés dans certains villages. La règle à calcul était beaucoup utilisée à l'époque, mais pas en primaire.

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    2. Ton bureau d'école tu l'a déniché dans un vide grenier?
      J'en ai un a la maison , que j'ai racheté à l'école de mon village quand elle a fermée, pour une somme symbolique.
      Il est dans son jus et quand les petites filles viennent à la maison elles s'en servent pour écrire ou colorier, j'espère qu'il aura encore une longue vie.

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    3. Je l'ai trouvé dans un dépôt vente et il a un très gros avantage : il ne comporte pas de banc intégré. C'est juste une table avec deux pieds, beaucoup plus facile à caser dans une maison :-).

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  8. J'aimais l'odeur de la rentrée mais ça s'arrête là.

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    1. Je ne me rappelle plus de l'odeur de la salle de classe. J'étais surtout sensible à l'ambiance, à l’atmosphère qui y régnait.

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  9. Je me demande ce que le tableau ressemble pour toi aujourd'hui, pas dans les années 60 :) (tes livres, ton sac, tes "outils," etc.). Et je suis bien d'accord avec le travail sous-payé des profs en général!

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    1. A part la tenue formelle qui me distingue de la plupart de mes collègues à la fac (il faudrait plus que quelques lignes pour expliquer ce choix), tout le reste se résume en un seul mot : le cloud !

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  10. Nostalgie ! Les souvenirs que j'ai de l'école sont surtout que nous avions une institutrice pas très "sympa" ! Dur, dur.....

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    1. J'ai eu trois institutrices, puis deux instituteurs au cours de mes années d'enseignement primaire. L'un de ces deux instituteurs, en CM1, me mettait particulièrement mal à l'aise.

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  11. Le château de ma mère n'est pas mon Pagnol préféré
    J'adorais La gloire de mon père
    Je m'y projetais d'une façon prodigieuse

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    1. Pareil pour moi. J'ai choisi "Le château de ma mère" pour des raisons cosmétiques :-).

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  12. Je prends les billes, les dominos et je vais jouer ! C'est le week end ;-) !

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    1. Je n'ai jamais joué aux dominos, mais je me souviens de friandises à la réglisses qui étaient dans des boites en carton en forme de dominos :-).

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  13. A la récréation je schtroumpfais bien jouer aux osselets ou encore au tour de France avec des billes et des figurines de cyclistes !!

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    1. En primaire, le jeu favori des écoliers de mon époque était "la balle au prisonnier".

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  14. 1974 : Le maniement de la règle à calcul était assez complexe !! Heureusement pour moi , les premières" Texas Instrument" pointaient leur.... :)

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    1. Je n'ai jamais utilisé ce truc. Au Lycée, au début des années 1980, les calculatrices étaient complètement démocratisées.

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  15. Ces "tableaux" sont magnifiques ! Toute la rigueur de l'apprentissage mais aussi l'ouverture vers d'autres mondes ...
    Personnellement, je n'ai aucune nostalgie de la rentrée des classes. Il est vrai que je me suis bien plus épanoui dans la formation professionnelle pour adultes que dans la formation scolaire ...

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  16. J'adhère complètement à cette rentrée en images et en réflexion ! Tu convaincs une convaincue, ayant été une petite directrice d'une école à six classes, dans une autre vie qui ne comptait pas ses heures... Bon courage !

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